CHAPITRE QUATRE

Je dus serrer les dents pour ne pas pousser un cri.

Les Jumelles, elles, ne s en privèrent pas.

— Quoi ? s exclama Jack. Imprimé ? C’est vrai ?

Aphrodite haussa les épaules :

— Apparemment.

Elle paraissait nonchalante, mais il ne m’échappa pas quelle évitait de regarder dans la direction de Lucie.

— Alors ça, c’est la meilleure ! lâcha Shaunee.

— Comme tu dis, Jumelle, acquiesça Erin.

Elles éclatèrent d’un rire hystérique.

— Je trouve ça intéressant, en effet, intervint Damien d’une voix forte pour se faire entendre par-dessus les gloussements des Jumelles.

— Moi aussi, fit Jack, dans le genre bizarre et troublant.

— Il semblerait qu’Aphrodite ait enfin été rattrapée par son karma, commenta Vénus avec un sourire reptilien.

— Vénus, Aphrodite vient de me sauver la vie, déclara Lucie. Pour la deuxième fois. Alors, sois un peu plus sympa avec elle.

Aphrodite se tourna enfin vers Lucie :

— Ne commence pas.

— Ne commence pas quoi ?

— A me défendre ! On a imprimé, c est déjà assez pénible comme ça. Ne crois pas en plus que je vais devenir ta meilleure amie !

— Ton attitude désagréable ne va pas l’empêcher, tu sais.

 

— Ecoute, je vais juste me comporter comme si ça n’était jamais arrivé, dit Aphrodite en lançant un regard assassin aux Jumelles, prises de fou rire. Vous deux, je vais vous étouffer dans votre sommeil si vous n’arrêtez pas de vous moquer de moi.

Bien sûr, elles s’esclaffèrent de plus belle. Aphrodite les ignora.

— Donc, je reprends ce que je disais avant d’être grossièrement interrompue : Vénus la chieuse, je te présente Zœy, la super novice dont je suis sûre que tu as entendu parler, Darius, le Fils d’Erebus autour duquel tu n’as pas intérêt à tourner, et Jack. Avec lui non plus, il ne va pas se passer grand-chose, puisqu’il est gay. Sa moitié, c’est Damien, le type qui m’observe comme si j’étais une découverte scientifique. Tu as sans doute compris que les Jumelles, c’est les deux petites malignes là-bas.

Sentant le regard de Vénus sur moi, je pivotai vers elle. Elle me fixait avec une intensité qui me mit aussitôt sur la défensive. Je ne la sentais vraiment pas, sans savoir si c’était parce qu’elle se conduisait comme une garce, parce qu’elle avait traîné dans les couloirs avec

Erik, ou parce que je me méfiais des novices rouges en règle générale.

— Zœy et moi nous sommes déjà rencontrées, mais ce n’était pas officiel. La dernière fois que je l’ai vue, elle essayait de nous tuer.

La main sur la hanche, je soutins son regard méchant.

— Puisqu’on est parties à se rappeler de bons souvenirs, je vais te rafraîchir la mémoire. Je n’essayais de tuer personne. J’essayais de sauver un garçon humain que vous vouliez dévorer. En ce qui me concerne, je préfère les pancakes au chocolat aux joueurs de foot pour mon goûter.

— La fille que tu as attaquée n’en est pas moins morte, rétorqua-t-elle.

Les novices rouges s’agitèrent derrière elle.

— Zœy ? Tu as tué quelqu’un ? demanda Jack.

J’allais répondre, mais Vénus me devança :

— En effet. Elizabeth Sans-Nom-de-Famille.

— Je n’avais pas le choix. Nous ne serions pas sortis vivants d’ici.

Je me tournai de nouveau vers Vénus. Elle était d’une beauté glacée. Sexy et soignée, elle portait un jean de marque et un débardeur noir, court et ajusté, décoré d’un crâne en faux diamants. Elle avait des cheveux longs, épais, d’un blond doré. En d’autres termes, elle n’avait rien à envier à Aphrodite, ce qui n’est pas peu dire, car Aphrodite est absolument sublime. Et, comme Aphrodite autrefois, Vénus était une peste cruelle, et l’avait sans doute été avant sa mort et sa résurrection.

— Je vous avais demandé de nous laisser partir, poursuivis-je. Vous n’avez rien voulu entendre. Alors, j’ai fait ce qu’il fallait pour protéger une personne à laquelle je tenais – et sachez que j’en ferais autant aujourd’hui.

Je réprimai l’envie d’appeler le Feu et l’Air pour donner plus de poids à ma menace.

— Ecoutez, on va tous devoir apprendre à s’entendre, intervint Lucie d’une voix fatiguée. Je vous rappelle que le monde extérieur est plein de dangers.

Elle se redressa, ajusta sa chemise et s’appuya sur les oreillers que Darius avait entassés derrière elle.

— Alors, faisons en sorte que cela fonctionne, conclut-elle.

J’entendis quelques novices rouges marmonner leur approbation.

— Je pense que c’est une bonne idée, dis-je.

Même si mon alarme interne me soufflait toujours de me méfier d’eux, je souris à Lucie, et ses joues se creusèrent de deux fossettes. De toute évidence, elle croyait sincèrement que nous pourrions trouver un moyen de cohabiter. Je pensai que mon intuition débloquait peut-être à cause de cette garce de Vénus, et non parce qu’ils étaient mauvais.

— Bien. Pourrais-je avoir un peu plus de vin et de sang ? demanda Lucie en tendant son verre aux Jumelles qui, avec un soulagement visible, se hâtèrent de la servir, profitant de l’occasion pour s’éloigner des novices rouges.

Damien et Jack, accompagnés de Duchesse, se rapprochèrent de moi, eux aussi.

— Merci, dit Lucie quand Erin prit son verre. Et il y a des ciseaux dans ce tiroir, alors inutile d’ouvrir la poche avec tes dents, ajouta-t-elle en me jetant un coup d’œil moqueur.

Puis elle s’adressa à ses copains :

— Nous avons déjà parlé de ça. Vous allez être gentils avec Zœy et nos autres invités !

A cet instant, Erik revint dans la pièce. Je me tendis lorsqu’il se fraya un passage entre nos hôtes : si quelqu’un (Vénus) essayait de le mordre, j’allais lui botter les fesses. Point final.

— Alors, quelles sont les nouvelles du dehors ? demanda Darius.

Erik secoua la tête.

— Je n’arrive pas à capter quoi que ce soit. Pourtant, je suis monté dans le hall. Rien, que des parasites. Mon portable ne fonctionne pas non plus. Par contre, j’ai entendu le tonnerre, et j’ai vu de gros éclairs. Il pleut toujours, et comme il fait de plus en plus froid, il va probablement geler. En plus, le vent a forci. Je ne sais pas si c’est naturel, ou si c’est l’œuvre de Kalona et de ses oiseaux. Dans tous les cas, c’est sans doute ce qui a perturbé les réseaux de communication. Tu as l’air d’aller mieux, remarqua-t-il en regardant Lucie.

— Aphrodite l’a sauvée, expliqua Shaunee avant de glousser. Elle lui a offert son sang.

— Oui, et maintenant elles ont imprimé, ricana Erin.

— Waouh. C’est une blague, pas vrai ?

— Non, elles ne plaisantent pas, répondit Vénus d’une voix charmeuse.

— Ah. Euh… c’est intéressant, fît Erik.

Je vis ses lèvres tressaillir alors qu’il dévisageait Aphrodite. Elle le snoba royalement et reprit une gorgée de vin. Erik simula une quinte de toux pour ne pas rire ; puis, posant les yeux sur Vénus, il lui fit un signe de tête, de son air habituel de garçon aimable et populaire.

— Rebonjour, Vénus.

— Erik, dit-elle avec un sourire prédateur qui me donna des envies de meurtre.

— C’est une bonne idée, de faire les présentations, Aphrodite, déclara Lucie. Et non, je ne dis pas ça parce que nous avons imprimé.

— J’aimerais vraiment que vous arrêtiez de parler de ça, marmonna Aphrodite.

Lucie poursuivit comme si elle ne l’avait pas entendue.

— Le savoir-vivre, c’est important. Vous connaissez déjà Vénus, alors je vais continuer avec Elliott.

Un rouquin s’avança d’un pas. Mourir et ressusciter ne l’avaient pas arrangé. Il était toujours aussi grassouillet, pâle, et la masse de ses cheveux frisés était toujours mal coiffée, pleine d’épis.

— C’est moi, fit-il.

Tout le monde le salua.

— Ensuite, Montoya.

Un garçon petit, hispano-américain, avec un baggy et plusieurs piercings, hocha la tête, faisant valser son épaisse chevelure noire.

— Salut, dit-il avec un léger accent et un sourire chaleureux.

— Et voici Shannon Compton, continua Lucie, en prononçant le nom et le prénom d’une seule traite, « Shannoncompton ».

— Shannoncompton ? répéta Damien. Hé, ce n’est pas toi qui jouais le premier rôle dans Les Monologues du vagin, la pièce de théâtre de l’année dernière ?

Le joli visage de la fille s’illumina.

— Si, c’était moi.

— J’adore cette pièce, s’écria-t-il. Elle brise tellement de tabous ! C’est juste après la représentation que tu es… euh…

Il ne termina pas sa phrase et se tortilla, mal à l’aise.

— Que je suis morte ? lui souffla obligeamment Shannon.

— Oui, c’est ça.

— Oh, mince, dit Jack. C’est trop triste…

— Elle n’est plus morte, maintenant, bande d’idiots, soupira Aphrodite, apparemment éméchée.

Lucie lui fit les gros yeux avant de reprendre :

— Et voici Sophie.

— Salut, fit une grande brune avec un sourire gentil, timide.

Je me sentais mieux maintenant que je voyais les novices comme des individus qui, par-dessus le marché, n’essayaient pas de nous manger. Du moins pas encore…

— Lui, c’est Dallas, dit Lucie en désignant un garçon qui se tenait derrière Vénus.

Il contourna celle-ci d’un pas traînant et marmonna ce qui ressemblait à un salut. Il serait passé inaperçu sans la vive intelligence de son regard et le sourire séducteur qu’il adressa à Lucie. « Hum, pensai-je, il se passe peut-être quelque chose… »

— Figurez-vous que Dallas est né à Houston.

Il haussa les épaules.

— Oui, c’est une histoire assez gênante que mon père aime bien raconter. Il paraîtrait que mes parents mont conçu à Dallas. Je n ai jamais demandé de détails.

Certains novices rouges ont éclaté de rire, et la tension a commencé à se dissiper.

— Voici Anthony, que tout le monde appelle Ant.

Ce dernier nous salua gauchement. On n’avait pas de mal à deviner d’où lui venait son surnom*. Il était tout petit ; on lui aurait donné à peine douze ans.

— Juste à côté, c’est Johnny B.

Le contraste n’aurait pas pu être plus saisissant. Johnny B. était grand et costaud. Son corps athlétique et son maintien plein d’assurance me rappelaient Heath.

— Hé, fit-il en souriant de toutes ses dents et en jetant un coup d’œil intéressé aux Jumelles, qui haussèrent les sourcils et le jaugèrent à leur tour.

— Ensuite, Gerarty, reprit Lucie en désignant une blonde – encore une ! –, sauf que celle-ci ne ressemblait pas à une Barbie.

Elle était jolie, mais ses cheveux hirsutes, coupés à la mode des années 70, tiraient plus sur le blond fade que sur le platine.

— C’est l’artiste la plus talentueuse que j’ai jamais connue, déclara Lucie. Elle a commencé à décorer certaines parties des souterrains. Ce sera super cool quand elle aura terminé.

Elle se tut un instant avant d’ajouter :

— Et enfin, Kramisha.

* En anglais, ant signifie fourmi.

 

Une fille noire se dégagea du groupe. Il fallait vraiment que j’aie été distraite par Vénus, Aphrodite et Lucie pour ne pas lavoir remarquée plus tôt. Elle portait un tee-shirt ajusté jaune vif, tellement décolleté qu’on voyait le haut de son soutien-gorge en dentelle noire, et un pantacourt en jean moulant, retenu par une large ceinture en cuir assortie à ses grosses chaussures dorées. La moitié de ses cheveux, ramenés sur le dessus de son crâne, étaient teints en orange.

— Je tiens à vous prévenir que je ne partage mon lit avec personne, lança-t-elle d’un air à la fois ennuyé et agacé.

— Kramisha, je te l’ai dit cent fois, ne crée pas de problème là où il n’y en a pas ! s’impatienta Lucie.

— Je veux juste que les choses soient claires.

— Eh bien, c’est fait, dit Lucie avant de poser les yeux sur moi. Voilà, c’est mon groupe.

— Ils sont au complet ? demanda Darius.

Lucie se mordilla l’intérieur de la joue et fuit son regard.

— Oui, ils sont tous là.

« Oh, oh, je connais cette expression, songeai-je. Elle ment ! » Elle me supplia du regard de ne rien dire, alors je décidai de me taire et d’attendre que nous soyons en tête à tête pour l’interroger.

Sa dérobade réveilla toutefois la sonnette d’alarme dans mon esprit.

Je me raclai la gorge.

— Bon, à nous ! commençai-je. Je suis Zœy Redbird.

Je m efforçai de m’exprimer normalement, même si la situation était tout sauf normale.

— Je vous ai parlé de Zœy, me coupa Lucie. Elle a une affinité avec les cinq éléments, et c’est grâce à ses pouvoirs que j’ai pu me transformer et que nous avons retrouvé notre humanité.

Elle s’adressait en particulier à Vénus.

— En fait, mes amis m’ont beaucoup aidée, précisai-je avant de poursuivre. Vous connaissez tous Aphrodite. Elle est humaine désormais, sans être ordinaire pour autant.

Aphrodite grogna, mais ne fit aucun commentaire.

— Voici Erin et Shaunee, dites les Jumelles. Erin possède une affinité avec l’Eau, Shaunee avec le Feu.

Elles saluèrent tout le monde.

— Damien et Jack sont en couple. Damien a une affinité avec l’air, Jack est notre génie de l’audiovisuel.

— Salut ! lança Damien.

— Coucou, fit Jack en brandissant le sac qu’il tenait à la main. J’ai fait des sandwichs. Qui a faim ?

— Quelqu’un pourrait-il m’expliquer ce que ce chien fait là ? demanda Vénus, ignorant son geste amical.

— Il est là parce qu’il est à moi, répondit Jack.

Il se pencha et caressa les oreilles soyeuses de Duchesse.

— Oui, Duchesse reste avec Jack, confirmai-je en jetant un regard mauvais à Vénus, que j’aurais volontiers étranglée avec la laisse de la chienne. Et voici Erik Night.

— Je me souviens de toi, on était dans le même cours de théâtre, dit Shannoncompton en rougissant. Tu es très célèbre.

Erik lui sourit.

— Bonjour, Shannon. Content de te revoir.

— Moi aussi, je me souviens de toi, dit Vénus. Tu sortais avec Aphrodite.

— C’est de l’histoire ancienne, déclara Aphrodite avec un regard appuyé à Darius.

— C’est ce que je vois… Tu n’es plus un novice, Erik, continua Vénus d’une voix sucrée, beaucoup trop intéressée, à mon goût. Quand t’es-tu transformé ?

— Il y a à peine quelques jours. Je partais pour l’académie de théâtre européenne lorsque Shekinah m’a demandé de remplacer temporairement le professeur Nolan à la Maison de la Nuit.

— Waouh, je savais que cette grande prêtresse m’était familière ! s’exclama Shannoncompton. C’était donc Shekinah ! Je l’ai aperçue juste avant qu’elle ne s’approche de ce type ailé et que…

Elle se tut et se mit à se ronger les ongles.

— Et que Neferet la tue, terminai-je sans tourner autour du pot.

— Tu en es certaine ? demanda Darius.

— Oui. Je pense qu’elle l’a fait par la force de son esprit.

— La reine Tsi Sgili… murmura Damien. Alors, c’est vrai.

— Et voici notre représentant des Fils d’Erebus, Darius, terminai-je.

— J’ai besoin qu’on m’explique tout ce qui s’est passé jusque-là, dit le combattant. Si je dois vous protéger, il me faut des informations.

— D’accord, fis-je, soulagée au-delà des mots qu’un Fils d’Érebus expérimenté soit avec nous.

— On pourrait parler tout en mangeant, proposa Jack. Ça resserre les liens, de partager un repas.

— Sauf si c’est toi, le repas, marmonna Aphrodite.

— Jack a raison, trancha Lucie. Allez chercher les caisses d’œufs stockées dans la cuisine, des sachets de chips, etc.

— Le « etc. » étant du sang ? demanda Vénus.

— Oui, répondit mon amie sans s’attarder sur le sujet.

— Bien, dit Vénus, j’y vais.

— Hé, pendant que tu y es, apporte-moi une bouteille de vin, lança Aphrodite.

— Je ne fais pas dans la charité ! Il faudra que tu la rembourses.

— Je sais. Je paie toujours mes dettes.

— Oui, c’était le cas autrefois, mais comme tu n’es plus la même…

— Sans blague ? Tu viens juste de réaliser que j’étais humaine ?

— Je ne parlais pas de ça, fit Vénus. Remplace ce que tu bois, c’est tout.

Sur ce, elle quitta la pièce.

— Eh ben, je croyais que vous étiez copines.. lâcha Lucie.

Aphrodite fit mine de ne pas l’entendre. J’aurais bien voulu la secouer en hurlant : « Ce n’est pas en refusant de lui parler ou de la regarder que tu vas briser ton Empreinte avec elle ! »

— Elles l’étaient, intervint Erik, rompant le silence.

— Eh oui, que voulez-vous ! soupira Aphrodite. Les choses changent.

— Les gens aussi, enchaînai-je.

Aphrodite croisa mon regard et m’adressa un sourire triste.

— C’est malheureusement vrai.

[La Maison de la Nuit 05] Traquée
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